Léonard de Vinci (1452-1519)

L'homme de Vitruve, 1492.
L'homme de Vitruve, 1492.

La Renaissance : une nouvelle façon de voir le monde.

 

L'"homme de Vitruve" est bien représentatif de ce bouleversement culturel.  

 

Léonard de Vinci traduit les écrits de Vitruve (Ier siècle avant Jésus-Christ), l'architecte de l'Antiquité qui a posé les règles de base de l'architecture toujours en application aujourd'hui.

Il réalise ce dessin pour mettre en avant les rapports de proportions entre le corps humain et les figures géométriques élémentaires que sont le cercle et le carré.

 

Ce dessin résume à lui seul la nouvelle place que le corps occupe à la Renaissance : au centre d'un monde à construire et à maîtriser.

 


Contexte historique : la Renaissance (XV-XVIème s.)

La Renaissance, pour l'homme occidental, est une véritable renaissance culturelle : d'une vision chrétienne du monde, il passe à une vision humaniste.

 

Ce n'est plus un dieu qui est au centre du monde mais l'être humain lui-même.

 

A la Renaissance, se produisent des developpements importants de la connaissance comme, entre autres, ceux de :

 

- la médecine moderne ( les dissections se répendent, la chirurgie fait de grands pas comme avec Ambroise Paré).

- la cartographie ( avec les explorations de Vasco de Gama, de Fernand Magellan, ou la découverte de l'Amérique par Chistophe Colomb en 1492 qui bouleverse la conception du monde en TO).

- la géométrie, les mathématiques (les règles de l'Antiquités comme celles de la perspective sont approfondies).

 

Et avec l'invention de l'imprimerie de Joannes Gutenberg en 1440, c'est une véritable renaissance que le monde occidental connaît grâce à une diffusion des connaissances jamais possible avant. (Imaginez, du livre écrit très lentement à la main, on passe à sa reproduction mécanique et rapide, c'est comme l'apparition de l'internet à notre époque.)

 

 

 

Pour résumer, dans notre histoire, la Renaissance est une époque d'exploration dans tous plein de domaines.

 

 

 

Des machines pour dépasser les limites du corps

Maquette réalisée à partir d'un plan de Léonard de Vinci. (Visible au Clos Lucé, dernière demeure de l'artiste inventeur, en Indre-et-Loire.)
Maquette réalisée à partir d'un plan de Léonard de Vinci. (Visible au Clos Lucé, dernière demeure de l'artiste inventeur, en Indre-et-Loire.)

Les recherches de Léonard de Vinci sont connues pour avoir été novatrices avec des plans ou des croquis de machines ou d'engins qui permettent au corps de démultiplier sa force pour obtenir de nouvelles possibilités. Il étudie le corps humain, mais aussi les mouvement des animaux pour élaborer ses inventions.

 

 

 

 

Des maquettes réalisées par le musée d'histoire naturelle de Neuchâtel

Léonard de Vinci a fini sa vie dans notre région, pas loin de Tours, dans le château du Clos Lucé, au service de François Ier. Vous pouvez le visiter et y découvrir des maquettes géantes ou grandeur nature. Par ailleurs, le musée de Neuchâtel, en Suisse, partage dans son site une exposition réalisée sur ses machines.

 

Dans les photographies ci-dessous, un figurine permet de comprendre l'importance du corps comme moteur des mécanismes.

 

 

Pour dresser les colonnes, Léonard de Vinci combine une vis sans fin pour la soulever vers le haut et un treuil pour en déplacer la base. ( Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel)
Pour dresser les colonnes, Léonard de Vinci combine une vis sans fin pour la soulever vers le haut et un treuil pour en déplacer la base. ( Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel)

D'autres images encore dans l'exposition du musée de Neuchâtel

http://www.museum-neuchatel.ch/new/navigation.php?lang=fr&cat=5&subcat=524

 

 

PANAMARENKO 1940-1919

 

 

Panamarenko dans son atelier travaillant sur un moteur à réaction pour un sac à dos.
Panamarenko dans son atelier travaillant sur un moteur à réaction pour un sac à dos.

 

 

 

Si vous posez la question a un Belge "connais-tu Panamarenko?", il vous répondra "oui". C'est l'artiste contemporain le plus connu en Belgique.

 

 Henri Van Herwegen a pris le pseudonyme Panamarenko, qui est une contraction de "Pan American Airlines and Company" et du nom  Ponomarenko (un général russe pendant la 2ème guerre mondiale puis secrétaire du parti communiste soviétique).

 

 

 

 

Contexte historique

Panamarenko dans les années 60.
Panamarenko dans les années 60.

 

Les années 60 sont marquées par la Guerre Froide : le monde est divisé en deux, entre l'Est avec le communisme, et l'Ouest avec le capitalisme. Panamarenko fait ses premiers pas dans l'art, à cette époque, en jouant  avec cette opposition Est-Ouest.

 

Il se présente en uniforme militaire et prend le nom d'un général russe pour pseudonyme. Il roule en Cadillac comme un multimillionnaire américain pour provoquer une image caricaturale de la guerre froide, mais aussi de l'artiste.

 

 

Il désire ainsi affirmer sa position politique et se met volontairement en marge du monde artistique en tant qu'aéronaute :

"Je suis toujours en uniforme de soldat dans le monde de l'art et toujours en bataille. Le monde de l'art a toujours été pour moi indigeste et il le reste pour moi."

 

 

 

Chaussures magnétiques et casquette du Général Panamarenko, 1960-1967
Chaussures magnétiques et casquette du Général Panamarenko, 1960-1967

 

 

Se déplacer partout !

Au regard de ce portrait en pied, on ne peut pas douter de la profession d'aéronaute que Panamarenko inscrit sur sa carte d'identité.
Au regard de ce portrait en pied, on ne peut pas douter de la profession d'aéronaute que Panamarenko inscrit sur sa carte d'identité.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le but le plus élevé que l’on puisse se donner est de trouver une manière de quitter la terre. »

Panamarenko invente des engins pour se déplacer partout, en montagne, dans les airs, dans l'eau ou sous l'eau, avec des objets tels que des sous-marins à pédales, des soucoupes volantes, des sacs à dos à moteur, des avions à ailes articulées avec ou sans pédales, des hélices accrochées à des harnais... Dans ses inventions, il mélange les lois de la physique, le bricolage, et la technologie.

Panamarenko dans une de ses oeuvres
Panamarenko dans une de ses oeuvres

 

Il rejoint le rêve universel des hommes de s’élever dans les airs et de voyager dans l’espace. Le mythe d'Icare, mais aussi les machines exploratoires de Léonard de Vinci sont proches de son travail.

Comme Léonard de Vinci, il s'intéresse au vol des oiseaux, notamment celui de l'archéoptéryx.

Panamarenko, Hazerug, 1997 Techniques mixtes. (Sorte de "sac à dos volant".)
Panamarenko, Hazerug, 1997 Techniques mixtes. (Sorte de "sac à dos volant".)

 

Ses sculptures d'assemblage se composent de matériaux courants, avec du bois, du papier, du métal, du plastique et de matériaux techniquement poussés comme des moteurs électriques, des servomoteurs, des panneaux photovoltaïques...

Pour lui, les principes de fonctionnement sont autant imaginaires que mécaniques.

 

 

 

 

 

Il travaille en série : ses objets sont à chaque fois démultipliés en différents exemplaires. Ainsi ses créations sont le fruit de nombreuses recherches, sous forme de croquis, d'essais sur le terrain et de fabrications en trois dimensions.

Panamarenko, The Aeromodeller, 1969-1971, SMAK,musée d'art contemporain de Gand en Belgique

 

 

La démarche artistique et l'action pour faire les œuvres comptent autant que le résultat.

 

 

"De toute façon, beau ou non, le principal est de créer un objet dont je puisse dire : cela valait la peine que je m'en sois occupé ; un objet au sujet duquel on ne soit pas obligé de se demander : est-ce de l'art ou non ?"

 


Quelques liens utiles sur Panamarenko

Philippe Ramette

 

 

Contemplation irrationnelle, 2003.
Contemplation irrationnelle, 2003.

Philippe Ramette est est né à Auxerre en 1961. Il vit et travaille à Paris.

 

Depuis la fin des années 80, il fait des sculptures, des installations, des dessins et des photographies, souvent en série.

Les titres donnent autant à réfléchir que les images ou les objets qui les accompagnent.

 

(Cerveau réfléchissant, Éloge de la paresse, Punching-stone, Objet à voir le monde en détail, Contemplation irrationnelle, Exploration rationnelle des fonds sous- marins, Point de vue individuel portable...)

 

 

 

Contexte culturel

Qu'est-ce qui est le plus incroyable?  Se repérer par satellite (GPS, Google Earth...) ou par une carte au fond de l'eau ?
Qu'est-ce qui est le plus incroyable? Se repérer par satellite (GPS, Google Earth...) ou par une carte au fond de l'eau ?

Les années 80 et 90 voient naître des nouvelles technologies qui changent notre rapport au monde.


Au média de masse (moyen de diffusion d'informations capable de toucher un grand nombre de personnes) le plus important, la télévision, s'ajoute Internet : l'homme, pour la première fois de son histoire, peut communiquer en direct toutes sortes d'informations comme des écrits, des images, des vidéos, des sons avec un nombre illimité de personnes.

 

La technologie développée par les satellites permet des possibilités qui sont maintenant accessibles depuis les ordinateurs et les téléphones  : GPS, Google Earth, Google Street View...


 

Notre regard sur le monde est inévitablement transformé par ces avancées technologiques.

 

Nos repères sont forcément modifiés.


L’œuvre de Philippe Ramette

Objet à regarder le monde sur mesure ou Point de vue individuel portable, 1995.
Objet à regarder le monde sur mesure ou Point de vue individuel portable, 1995.

 

 

Dans ses œuvres  photographiques, il se met lui-même en scène.

 

 

Toujours vêtu d'un costume et sans jamais montrer la moindre émotion, son corps apparaît comme un référent. Avec les titres, les environnement, souvent extérieurs, et les postures corporelles qui changent, son corps donne une échelle et indique un rapport particulier au monde. 

 

 

 

 

 

 

 

Une remise en question des évidences

 

 

Comme une perte des repères habituels

 

 

Des déplacements improbables

 

 

Comme une illusion

L'ombre de moi-même.
L'ombre de moi-même.

 

 

Des objets à voir...

Dans "Objet à voir le chemin parcouru", l'artiste se situe dans un endroit panoramique et normalement magnifique avec la chaine de montagnes enneigées qui l'entoure. Cependant, il ne la regarde pas vraiment puisque deux miroirs lui cachent la vue. C'est derrière lui seulement qu'il regarde.

 

Au niveau de l'interprétation, est-ce l'image de quelqu'un qui ne se préoccupe que de son passé plutôt que d'aller de l'avant ?

 

Dans "Objet à voir le monde en détail", l'artiste s'appuie sur une table qui rappelle les tables d'orientation pour indiquer les sites lointains mais visibles. Là non plus il ne semble pas admirer le paysage environnant.

Est-ce l'image de touristes qui ne regardent plus les lieux qu'ils visitent en les photographiant sans cesse ou bien celle de personnes ne sachant tout simplement pas apprécier ce moment ?

 

Le parallèle avec la peinture Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818) de Caspar David Friedrich, s'impose au niveau de la composition :

 

     - la situation environnementale opposant un homme seul à un paysage gigantesque.

 

     - l'impression donnée avec la position corporelle, de dos, face au vide. Caspar David Friedrich, peintre allemand du siècle dernier appartient au romantisme, mouvement artistique du XIXème siècle qui met en avant les sentiments, comme ici avec la solitude.


     - les personnages sont isolés au premier plan d'une part avec le monticule rocheux et d'autre part avec la netteté qui s'oppose au flou de l'arrière-plan, comme pour illustrer un monde d'illusions.

 

Dans cette série de Contemplations irrationnelles, nous croyons à la loi de la gravité avec le corps de l'artiste forcément attiré par le centre de la terre, mais le vide nous perturbe. Le regard que nous portons sur le monde est bouleversé par le renversement du paysage qui semble crédible grâce à la posture de l'artiste.

 


comme une prise de risque

Comme il ne retouche pas ses tirages à l'ordinateur, même avec des prothèses invisibles, ses représentations sont de véritables prouesses corporelles. Elles rappellent les cascades de Buster Keaton ou les situations incongrues de Charlot, qui, dans leurs films, ont toujours la même façon d'être, en décalage avec le monde qui les entoure.