Yue Minjun ne pouvait pas exposer son tableau dans les années 90

Testes entre guillemets extraits de l'article De Goya à Yue Minjun, Deux siècles d'art contre l'exécution de Pierre Haski.

 

En Chine, le pays qui produit le plus grand nombre d'exécutions au monde, et face aux autorités, Yue Minjun est obligé de prendre des précautions!

 

"Même si le contexte a changé et si l’artiste ne risque rien en raison de sa notoriété, il a tenu à prendre ses distances avec le thème de son œuvre.

« Je ne veux pas que le public pense à un lieu ou à un événement », a-t-il dit à CNN, avant de nier que le mur rouge dans le fond de sa peinture soit celui de la Cité interdite, sur la place Tian'anmen..."

Pierre Haski

 

Rappel historique : en 1989, des manifestations sur la place de Tian'anmen, réclament la démocratie et dénoncent la corruption. Dans tout le pays, ont eu lieu des massacres entre des centaines ou des milliers de personnes.

 

 

Jeff Widener (haut gauche), Chris Cole (haut droite), Stuart Franklin (bas gauche) et Arthur Tsang Hin Wah (bas droite).jpg
Jeff Widener (haut gauche), Chris Cole (haut droite), Stuart Franklin (bas gauche) et Arthur Tsang Hin Wah (bas droite).jpg

Des images célèbres

"L'homme de Tian'anmen" est mondialement connu pour les photographies qui ont fait la une de l'actualité. Aujourd'hui, censurées en Chine, elles apparaissent avec des canaris. Et les mots "canards jaunes" sont aussi censurés dans l'internet chinois!

Tous les ans, des personnes sont arrêtées sur la place pour empêcher une cérémonie commémorative...

 

Yue Minjun, The Execution, 1995, huile sur toile, 150 x 300 cm.
Yue Minjun, The Execution, 1995, huile sur toile, 150 x 300 cm.

"Yue Minjun s’est directement inspiré de « L’Exécution de Maximilien », d’Edouard Manet, peint en 1867 en référence à l’exécution de Maximilien de Habsbourg par un peloton d’exécution républicain à Mexico."

Pierre Haski

 

 

Au XIXè siècle, Édouard Manet n'a jamais pu montrer cette œuvre en France, ni les quelques autres sur le même thème.

 

Contexte historique : après des pertes militaires françaises pour conquérir le Mexique, Napoléon III avait convaincu Maximilien, un prince autrichien,  d'occuper ce territoire.

 

Remarquez les uniformes français. Édouard Manet change volontairement l'habit des exécuteurs mexicains pour souligner l'actualité de l'époque : Napoléon III avait abandonné Maximilien en faisant retirer les troupes françaises qui le protégeaient.

 

Avec ce tableau, Édouard Manet affirme son engagement républicain et dénonce la violence du Second Empire.

Edouard Manet, l'Exécution de Maximilien, 1868, huile sur toile, 252x305 cm, Städtische Kunsthalle, Mannheim (Allemagne).
Edouard Manet, l'Exécution de Maximilien, 1868, huile sur toile, 252x305 cm, Städtische Kunsthalle, Mannheim (Allemagne).

"Edouard Manet s’était lui-même explicitement inspiré de l’un des tableaux les plus célèbres de Francisco Goya, « Tres de Mayo », qui met en scène des soldats français exécutant des Madrilènes en 1808, en représailles contre la mort d’hommes de Napoléon dans des émeutes."Pierre Haski

1808: Tres de Mayo de Franciso Goya

En 1951, Massacre en Corée de Pablo Picasso

La référence à Francesco Goya est clairement lisible : en 1951, Pablo Picasso s'inscrit dans l'engagement envers les Coréens qui sont opprimés, comme le faisait Goya au début du XIXème siècle.

 

Pablo Picasso est particulièrement sensible à l'oppression car il a dû fuir l'Espagne franquiste. Lien vers Guernica.

Massacre en Corée, huile sur contreplaqué,  110x210 cm, 1951,  Picasso Pablo,  (1881-1973)  Paris, musée Picasso.
Massacre en Corée, huile sur contreplaqué, 110x210 cm, 1951, Picasso Pablo, (1881-1973) Paris, musée Picasso.