Like EveryDay est une série composée de 17 photographies de 50x50 cm réalisées en 2000.
L' artiste iranienne Shadi Ghadirian parvient à donner un regard critique sur la place de la femme en Iran tout en respectant les lois strictes qui gèrent son pays.
"Être photographe en Iran exige du doigté. Pas question d’aborder les problèmes de la société iranienne en ignorant la multitude d’interdits édictés par les Mollahs depuis la révolution islamique de 1979. Toute allusion, aussi légère soit-elle, à la sexualité est jugée comme un crime relevant du droit commun. Une femme ne peut être photographiée sans le voile obligatoire dès qu’elle apparaît dans un espace public."
Les portraits qu'elle réalise réduisent l'identité des personnes à deux objets : le tchador et, à la place du visage, le seul élément de reconnaissance permis d'être montré pour les femmes iraniennes, un ustensile rappelant les tâches ménagères...
Lien vers le site de Shadi Ghadirian
Jana Sterbak (1955) est une artiste canadienne d'origine tchèque qui vit et travaille à Montréal et à Barcelone.
Dans cette représentation de robe, élaborée avec les techniques de la haute couture,
http://elles.centrepompidou.fr/blog/?p=175
elle perturbe nos habitudes.
La robe est représentée en photo, sur une femme, quand elle est encore saignante, et en vrai, sur un présentoir.
Effet de surprise entre ce que nous voyons et ce que nous reconnaissons...
De loin, la robe ressemble à un objet de mode avec une présentation semblable à celle des magasins de vêtements. De près, quand nous reconnaissons le matériau, de la viande qui se dessèche, c'est l'effet de surprise mêlé au dégoût qui se produit!
L'intérieur révélé à l'extérieur
En employant l'intérieur du corps pour représenter une enveloppe, la robe, Jana Sterbak inverse l'intérieur et l'extérieur, comme pour mettre à jour une réalité cachée.
Une vanité
Dans le titre, elle évoque la vanité (vanitas-vanité : ce qui est vain n'a pas de réelle utilité parce que c'est illusoire, inutile, insignifiant, futile... ) et l'anorexie, pour, sans doute, critiquer la recherche du corps parfait avec la minceur véhiculée par les images des médias (télévision, magazines...).
Elle remet en question le stéréotype du corps dans notre société et rappelle aussi le danger de l'anorexie qui peut mener à la mort à force de se priver de nourriture. La référence au caractère albinos fait penser à une forme d'aveuglement face à la réalité. C'est le caractère vain des apparences qu'elle met en évidence : la robe, qui habituellement met en valeur le corps, devient un assemblage de chair et renvoie à l'image d'un corps écorché. L’œuvre peut aussi se comprendre comme une critique de l'image de la femme réduite à "de la viande".
Ainsi, Jana Sterbak questionne notre rapport au monde : en plus de l'image de la femme, le matériau soulève des questionnements multiples, de la condition animale à celle de
l’œuvre d'art dans le temps :
« Vanitas a fait scandale au Canada, mais a rencontré un grand succès partout ailleurs et elle est sans cesse copiée ! (...) elle se prête à quantité d’interprétations, depuis le non-respect des animaux élevés pour leur viande jusqu’au vieillissement et à la mort des individus, en passant par les rituels de possession, etc. Vanitas pourrait également évoquer les changements que le temps imprime à la perception des œuvres. Le jour du vernissage, quand on expose la robe, la chair est crue. Puis, la viande sèche et commence à ressembler au cuir ; elle devient alors acceptable. Cela est aussi vrai pour les artistes. »
Propos de Jana Sterbak recueillis par Catherine Francblin, in « La condition d’animal humain », art press, n°329, Déc. 2006, p. 4.
Son travail questionne aussi la perte d'identité.