Quelques sculptures de Didier Fauguet

 

Comme une histoire de l'homme...

 

La partie supérieure de la sculpture représente un homme âgé.

 

S'appuyant légèrement avec son bras gauche,

tenant encore son compas de la main droite sans être adossé au dossier de son fauteuil,

c'est l'espace d'un instant qu'il semble s'arrêter dans son action pour,

peut-être,

contempler d'autres espaces-temps...

Détail dans la partie haute de la sculpture.
Détail dans la partie haute de la sculpture.

Devant lui, deux formes similaires se côtoient :

celle de gauche rappelle le Moyen Age avec les trilobes

tandis que celle de droite, représentant la Terre,

fait penser à la naissance de l'univers.

 

Le tout semble faire ployer la corniche, comme si la pierre devenait flexible.

 

Sculpture en marbre de Carrare avec piètement en acier oxycoupé mécano-soudé.
Sculpture en marbre de Carrare avec piètement en acier oxycoupé mécano-soudé.

Le socle se constitue d'une figure emblématique de l'Antiquité,

une Vénus à moitié robotisée

(partie gauche de son corps sur la photographie ci-dessus),

enveloppée d'une structure mécano-soudée.

 

De la Vénus au robot,

c'est un mélange d'époques qui soutient la partie supérieure.

Détail du socle avec le sculpteur Didier Fauguet en arrière-plan.
Détail du socle avec le sculpteur Didier Fauguet en arrière-plan.

 

 

 

 

 

Cette vénus de l'Antiquité semble ressurgir aujourd'hui :

l'artiste a volontairement suggéré l'érosion dûe au temps, en représentant une usure de la matière, tant dans la pierre que dans l'acier rouillé.

 

 

 

 

 

Il joue avec les cadrages permis par l'oxycoupage de l'acier pour offrir de multiples regards.

 

 

Remarquez les contrastes :

 

- entre  l'oxydation de l'acier (la rouille) et la blancheur propre au marbre de Carrare.

 

- entre les ombres et des lumières.

 

 

La marbre de Carrare, utilisé dès l'Antiquité pour sa blancheur éclatante, paraît se transformer comme une matière molle qui, peu à peu, prendrait forme.

 

Didier Fauguet rappelle ainsi la tradition du modelage, pratique précédant la sculpture dans la masse, mais aussi la dimension géologique du marbre né de dépôts de calcaire au fond des mers il y a des centaines de millions d'années.

 

 

 

 

Le vieil homme tient un compas, objet symbolique représentant la mesure parfaite du monde.

 

 

Rappelez-vous de l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci avec l'intégration du corps humain dans le cercle et le carré à la Renaissance.

 

 

La représentation de la Terre, dont on reconnaît les continents gravés,

est mise en évidence par le polissage en contraste avec les surfaces que l'artiste a rendu poreuses,

tantôt piquées régulièrement,

tantôt percées aléatoirement, parfois rugueuses,

comme si c'était naturel.

 

 

 

 

Une fragilité se dégage en plusieurs endroits,

 jusque dans la représentation de ce maillon.


L'artiste rappelle ainsi les vanités.

(cf. la fragilité avec la corde cassée du luth dans
Les Ambassadeurs de Hans Holbein)

 

 

 

La chaîne est habituellement faite en fer pour être solide.

Sa fonction est de maintenir ensemble des éléments.

 

Ici, Didier Fauguet remplace un matériau solide par un matériau cassant

pour attirer notre attention,

comme pour signifier une incertitude.

 

Le vieil homme, arrivé vers la fin de son existence,

s'interroge et, malgré ses outils de mesure et sa maîtrise technique,

semble ne pas avoir de certitude face à la vie.